Dans la société contemporaine, l’autodétermination est un concept essentiel, affirmant le droit fondamental des individus à prendre des décisions concernant leur propre vie. En effet, nous devons tous faire des choix au fil des années pour mener à bien notre vie affective, sexuelle ou reproductive. Cependant, il est crucial de reconnaître que ce droit s’applique à toutes les personnes, y compris celles en situation de handicap. Parmi ces personnes, celles atteintes de trisomie ou de déficience intellectuelle, par exemple, sont souvent confrontées à des défis supplémentaires lorsqu’il s’agit d’exprimer leur autonomie affective et sexuelle. Comment assurer leur autodétermination et la responsabilité partagée entre individus et société ? Il semble impératif de sensibiliser et de former les professionnels de la santé et de l’éducation à ce sujet crucial à travers des ressources et outils pédagogiques.
L’autodétermination, qu’est-ce que c’est exactement ?
Il s’agit du pouvoir pour une personne de contrôler sa propre vie, de faire des choix et de prendre des décisions qui influent sur son existence. Pour les personnes en situation de handicap, l’autodétermination revêt une importance particulière, car elle leur permet de jouer un rôle actif dans leur vie, malgré les obstacles auxquels elles peuvent être confrontées.
L’autonomie affective et sexuelle est une composante essentielle de l’autodétermination. Elle concerne la capacité des individus à exprimer leurs émotions, à établir des relations interpersonnelles et à faire des choix en matière de sexualité. Pour les personnes en situation de handicap, notamment les personnes trisomiques, cette autonomie peut être entravée par des facteurs tels que les préjugés sociaux, le manque de soutien adéquat et le manque d’accès à une éducation sexuelle adaptée.
Il est crucial de reconnaître que les personnes en situation de handicap ont les mêmes besoins et désirs que les personnes non handicapées en matière d’autonomie affective et sexuelle. Elles ont le droit de vivre leur sexualité de manière épanouie, de développer des relations amoureuses et d’exprimer leurs sentiments de manière libre et consentante. Cependant, trop souvent, ces droits sont niés ou ignorés en raison de préjugés et de stéréotypes persistants.
Sensibiliser à travers des questions essentielles
Avec qui et quand suis-je d’accord pour avoir un rapport sexuel ? Est-ce que je souhaite m’engager avec mon/ma partenaire ? Est-ce que je souhaite me marier ou pas ? Est-ce que je souhaite avoir des enfants, si oui combien ? Que faire en cas de grossesse non désirée ou après un rapport sexuel non protégé ? Quel moyen de contraception choisir ? La relation que je vis me convient-elle ? Quelle est mon orientation sexuelle et dois-je en parler à mes proches ? Dois-je faire un test VIH ? Dois-je informer mon/ma partenaire de mon état de santé sexuelle ? Que faire pour fuir une relation violente ?
Face à ces questions sensibles, chacun doit pouvoir se positionner en tenant compte de ses propres besoins, désirs, valeurs, convictions, ainsi que des influences de son contexte personnel et environnemental. Qu’il s’agisse de facteurs biologiques, sociaux, médicaux, économiques, légaux ou éthiques, toute décision autodéterminée requiert une évaluation minutieuse des conséquences, ainsi que l’activation de compétences personnelles et sociales. L’autodétermination implique ainsi la capacité de choix, celle d’agir selon ses décisions et celle d’assumer les responsabilités qui en découlent.
Pour les personnes en situation de handicap, la tâche peut s’avérer complexe. C’est pourquoi il est essentiel de mettre en place des programmes de sensibilisation conçus pour les aider à comprendre ces questions en matière d’autonomie affective et sexuelle, avant même de pouvoir y répondre de manière appropriée.
Former pour former !
Les professionnels de la santé et de l’éducation jouent un rôle essentiel dans l’émancipation des personnes en situation de handicap, en les aidant à développer leurs compétences et leur confiance en elles. En ce qui concerne la vie affective et sexuelle, ces professionnels doivent être formés pour reconnaître et respecter l’autodétermination des personnes handicapées, tout en leur fournissant les outils nécessaires pour faire des choix éclairés et consensuels.
Même si elles sont encore trop peu nombreuses, il existe quelques initiatives et ressources visant à sensibiliser et à former les professionnels sur cette question importante. Formations, livres, vidéos et jeux de rôle spécialisés pour les professionnels de la santé et de l’éducation peuvent être utilisés pour enseigner aux personnes en situation de handicap les notions de consentement, de relation saine et de sécurité sexuelle.
La sélection Popaia :
1. La formation “HANDICAPS & SEXUALITÉS – Comment rendre possible et accompagner la vie affective et sexuelle des personnes en situation de Handicap” proposée par Laetitia REBORD, Pair-aidante en santé sexuelle, formatrice, conférencière et coach vers l’empowerment des personnes en situation de handicap.
2. Le projet “Mes amours : accès à la vie amoureuse et à la sexualité des personnes présentant une déficience intellectuelle” qui développe des outils pour une éducation à la sexualité répondant aux besoins et aspirations des personnes présentant une trisomie 21. Ces outils améliorent leurs connaissances sur la sexualité, leurs sentiments relatifs à leur vie amoureuse et sexuelle ainsi que leur capacité d’autodétermination en la matière. Ils prennent la forme d’un kit d’exposition interactive afin d’engager un dialogue et de former à la vie affective et sexuelle.
3. Le jeu de rôle “OK not OK” pour comprendre ce qu’est le consentement, ses enjeux et les différentes manières de dire “oui” ou “non” dans ses relations, mais aussi dans ses rapports sexuels.
4. Le livret “personnes handicapées intellectuelles et vie affective et sexuelle” proposé par l’UNAPEI qui propose des pistes de réflexion sur l’accompagnement des personnes handicapées intellectuelles sur le chemin de l’autodétermination en matière de vie affective et sexuelle. Ce livret ressources est principalement destiné aux professionnels et à la gouvernance associative.
5. À l’occasion de la Journée mondiale de la trisomie 21, qui a eu lieu le 21 mars dernier, l’association CoorDown dévoilait une campagne publicitaire pleine d’énergie pour mettre fin aux stéréotypes.
En voyant cette personne trisomique démontrer sa détermination et son autonomie dans la réalisation de ses objectifs, il devient évident que les stéréotypes et les perceptions limitées ne devraient jamais définir le potentiel d’une personne. En effet, le refus de reconnaître leur autodétermination peut non seulement restreindre leurs opportunités, mais aussi les condamner à l’échec.
Cette vidéo nous invite à reconsidérer nos propres attitudes et croyances sur les capacités des personnes trisomiques et à reconnaître la richesse de leurs contributions à la société. En brisant les barrières des préjugés, elle nous rappelle que chaque individu, quelle que soit sa condition, mérite d’être traité avec respect, dignité et encouragement à atteindre ses objectifs. En fin de compte, c’est en offrant un environnement inclusif et en croyant en leur potentiel d’autodétermination que nous pouvons réellement aider les personnes trisomiques à s’épanouir et à réussir dans la vie.