Dans un monde de plus en plus connecté, l’intimité et la sexualité ont été considérablement impactées par les avancées technologiques. Aujourd’hui on se penche un peu plus sur ceux de la réalité virtuelle. Avez vous déjà entendu parlé du meta-sexe et du cyber love ?
Ces concepts ont gagné en popularité, offrant de nouvelles avenues pour l’expression sexuelle et les relations intimes dans des espaces virtuels et accessibles via interaction 3D ou 2D en visioconférence.
Souvent ces concepts là font peur ou font peu envie mais sont malgré tout utilisés par toute une partie de la population. En quoi cela peut-il être utile à des personnes qui cherchent une nouvelle forme de sexualité ? Quels sont les risques ? Peut les conseiller en toute sécurité ?
Mais de quoi parle t-on ?
Ce mois ci nous vous conseillons deux nouvelles ressources numériques qui nous ont touchées et nous ont fait nous questionner sur les nouvelles pratiques que peut offrir la réalité virtuelle. Tout d’abord commençons par Méta Sexe, le documentaire. Il s’agit d’une exploration documentaire par 3 femmes de la façon dont ont été détournés ou conçues certaines réalités virtuelles pour faire naître une nouvelle façon d’envisager les relations intimes.
Déjà pour quoi Métasexe ? Le terme « méta-sexe » est une fusion de « méta » qui signifie « au-delà de » et « sexe ». Le méta-sexe englobe une multitude de dimensions, allant de l’exploration de l’identité de genre (par exemple en utilisant un avatar d’un sexe différent) à la remise en question des normes concernant la sexualité et l’intimité (en testant de manière virtuelle de nouvelles pratiques, ou en portant attention à des détails différents de ce qu’il se passe dans la réalité.
Il utilise des technologies telles que la réalité virtuelle (VR) ou la réalité augmentée (AR) ou même simplement des mondes numériques comme les jeux vidéos à des fins sexuelles, ouvrant un monde de possibilités où les limites physiques et géographiques prennent fin. Deux personnes peuvent en effet entrer en relation tout en étant à distance. Regardez ce documentaire, il est vraiment éclairant sur les nouvelles possibilités offertes. Il nous a permis de nous rendre compte de l’écart qu’il existe entre l’idée qu’on s’en fait et ce que les gens ressentent vraiment.
Vous allez nous dire : mais est-ce vraiment une relation sexuelle ? Mais puisque l’on essaye de s’affranchir d’une relation pénétro-centrée, dans quelle mesure la relation avec autrui permet de découvrir un corps virtuel dans un premier temps pour apprendre à apprivoiser celui de la vie réelle ?
Les bénéfices liés à l’utilisation de la sexualité virtuelle
Si le premier bénéfice auquel on pense est la recherche d’excitation pour soi ou de son partenaire, l’intérêt potentiel de la sexualité virtuelle est en réalité bien plus vaste.
D’abord parce que cette pratique peut constituer une forme de « soupape » permettant de réguler les émotions, l’humeur et les frustrations. Elle peut également améliorer l’image que l’on a de soi et la compréhension de son propre désir. Mais, en mettant en contact des individus a priori inaccessibles hors internet (distance géographique, cercles sociaux différents, etc.), le cybersexe revêt un rôle social réel en favorisant les échanges interpersonnels.
À travers des témoignages poignants, le documentaire « Meta-sexe » révèle des ressentis émotionnels et sensitifs profonds chez ses protagonistes, démontrant ainsi que le meta-sexe est bien plus qu’une simple expérience physique, mais plutôt une exploration intime de soi-même. Ces émotions sont particulièrement palpables chez ceux qui découvrent une nouvelle sexualité après avoir traversé des épreuves telles qu’une perte physique ou esthétique qu’ils ont du mal à assumer. Dans ces moments de vulnérabilité, le meta-sexe peut se révéler comme une voie de guérison et de découverte de nouveaux plaisirs. De plus, il peut également servir comme une étape éducative pour ceux qui cherchent à comprendre et à accepter un fonctionnement sexuel différent, offrant ainsi une opportunité d’apprentissage et d’ouverture d’esprit. En somme, le meta-sexe transcende les limites conventionnelles de la sexualité pour offrir un espace d’exploration, de compréhension et de connexion authentique avec soi-même et avec les autres.
Par ailleurs, dans le contexte du méta-sexe, l’exploration de l’identité de genre devient une quête personnelle de compréhension et d’acceptation de soi. Contrairement aux catégories rigides de « masculin » et « féminin », le méta-sexe reconnaît la diversité des identités de genre, y compris celles qui se situent en dehors du spectre traditionnel. Il offre un espace sûr pour ceux qui se situent quelque part entre les deux extrêmes, ou qui se définissent en dehors de cette dichotomie. Ainsi, comme le précise un utilisateur du metavers dans Méta Sexe, le documentaire,
“j’ai choisi un avatar féminin (alors que je suis un homme) pour tenter une nouvelle expériencen une nouvelle vie. Il faut savoir qu’en VR, on se sent vraiment imprégné de l’univers donc on a vraiment l’impression d’être intégré dans le corps de l’avatar. Je me sens plus libre. Dans le monde réel, on nous enferme dans des cases. Mais dès que l’on rentre dans le metaverse, toutoes ces cases disparaissent et les gens vont nous juger à notre âme.”
En ce qui concerne la sexualité, le méta-sexe remet en question les normes sociales restrictives qui dictent ce qui est considéré comme « normal » ou « acceptable ». Il encourage l’exploration de différentes formes d’expression sexuelle et de relations, en mettant l’accent sur le consentement, le respect et la communication ouverte. Cette approche inclusive reconnaît que chaque individu a des besoins et des désirs uniques en matière d’intimité, et que ceux-ci méritent d’être respectés et valorisés.
Par ailleurs, le meta-sexe et le cyber love peuvent apporter des contributions significatives à la sexualité des personnes vulnérables ou handicapées. Pour ceux qui ont des limitations physiques ou des difficultés à établir des relations en personne, ces technologies peuvent offrir un moyen sûr et accessible d’explorer leur sexualité et de se connecter avec d’autres. Par exemple, les personnes atteintes de handicaps physiques peuvent trouver dans le meta-sexe une façon de vivre des expériences voire même des sensations sexuelles qui leur seraient autrement inaccessibles.
En effet, comme le précise Cathline Smoos, psychologue et sexologue,“Tu peux connecter le réel au virtuel par une sensation très étrange qu’on appelle le toucher fantôme. Comme quand tu passes ton doigt dans la flamme d’une bougie, où ça ne te brûle pas mais tu sens qu’il y a un truc qui te touche.” Une utilisatrice de VR ajoute également “Quand on se touche dans la réalité virtuelle, c’est comme si on nous touchait vraiment. C’est des caresses, des frissons, de la chaleur”
Notre idéal serait que même si individuellement, ce genre de pratique ne nous intéresse pas, il peut apporter beaucoup à une personne qui en ressent le besoin. Partagez-le !
Des nouveaux modes de sexualité non sans risques
Bien sur, tout n’est pas rose. Comme dans le monde physique, il est important de connaitre les risques afin de se protéger et de profiter en toute sécurité.
L’un des dangers les plus préoccupants du méta-sexe est le risque de dépendance. Comme avec d’autres formes de divertissement numérique, l’engagement excessif dans le méta-sexe peut entraîner une dépendance, détournant l’attention des relations sociales réelles et entraînant un isolement. En effet, l’utilisation prolongée de la réalité virtuelle et d’autres technologies immersives peut altérer la perception de la réalité des individus, brouillant les frontières entre le monde virtuel et le monde réel. Cela peut conduire à des difficultés dans les interactions sociales normales et à une désensibilisation aux interactions humaines authentiques. La dissociation entre l’expérience virtuelle et la réalité pouvant entraîner des difficultés à établir des relations saines dans le monde réel.
L’épisode Striking Vipers de Black Mirror (S05E01) interroge particulièrement sur ce rapport à la technologie, la fidélité et l’intimité. Deux amis d’enfance se retrouvent dans une nouvelle version d’un jeu auquel ils jouaient ensemble petits. La réalité virtuelle s’invite et leur permet une immersion complète. Tellement complète, qu’ils essayent d’en tester les limites et finissent par s’embrasser à travers leurs personnages et commencer une relation en réalité virtuelle, sans jamais en parler dans le monde réel.
Cet épisode plonge les spectateurs dans un univers où la frontière entre la réalité et la virtualité devient floue, soulevant ainsi des questions profondes sur l’évolution des relations humaines. A travers l’histoire spécifique de ces deux amis, cet épisode nous pousse à réfléchir sur l’impact de telles technologies sur la société et sur nos propres vies. La façon dont les personnages se retrouvent pris au piège entre leurs désirs virtuels et leurs obligations familiales ou encore les conventions sociales met en lumière le fait que s’il existe des attentes dans une vie de couple ou amicale dans le monde physique, il n’en n’existe pas vraiment pour le monde virtuel. « Striking Vipers » nous confronte alors à des dilemmes éthiques et moraux modernes. Qu’est ce que cela veut dire de moi qu je sois attirer par un homme dont le corps virtuel présente des attributs féminins ? Suis je bizarre de ressentir ce désir ? En ai je le droit ? Ai je le droit de le consommer en virtuel ? En ai je envie dans le monde réel aussi ?…
Même si la technologie utilisée dans l’épisode n’est pas encore une réalité, elle soulève des questions sur la nature humaine et notre capacité à gérer les frontières mouvantes entre le virtuel et le réel.
Par ailleurs, les dispositifs de méta-sexe connectés à internet peuvent présenter des risques pour la sécurité et la confidentialité des utilisateurs. Les données personnelles et les préférences sexuelles des individus pourraient être compromises en cas de failles de sécurité ou de piratage, ce qui pourrait avoir des conséquences graves sur la vie privée et la réputation des utilisateurs. De plus, l’anonymat et la facilité de création de faux profils en ligne peuvent exposer les utilisateurs à des prédateurs sexuels et à d’autres formes d’exploitation.
Enfin, l’utilisation excessive du méta-sexe peut avoir un impact négatif sur les relations intimes entre partenaires. Lorsque l’un des partenaires préfère les interactions virtuelles aux interactions réelles, cela peut entraîner des conflits relationnels, une diminution de l’intimité émotionnelle et une fragmentation des liens affectifs.
En conclusion, bien que le meta-sexe et le cyber love offrent des possibilités excitantes pour l’exploration de la sexualité et des relations intimes, il est crucial de reconnaître et de naviguer avec prudence à travers leurs dangers et leurs limites. Pour les personnes vulnérables ou handicapées, ces technologies peuvent être des outils précieux pour découvrir et exprimer leur sexualité. Par exemple, pour les individus atteints de paralysie, la VR offre la possibilité de créer des expériences interactives où ils peuvent explorer des interactions physiques et émotionnelles (calins, positions sexuelles…) sans les limitations imposées par leur condition physique. De même, les personnes souffrant de troubles sensoriels peuvent utiliser la VR pour expérimenter des sensations tactiles (une personne malentendante pourra décupler son environnement visuel et donc stimuler son sens du toucher). Les outils de personnalisation avancés de la VR permettent également aux personnes atteintes de handicap mental de créer des avatars qui reflètent leur identité et leur expression sexuelle, offrant ainsi un espace sûr pour explorer et affirmer leur sexualité sans jugement ni contrainte.
Malgré tout, ces technologies nécessitent une approche réfléchie et éthique pour garantir une expérience positive et sécurisée. Il est impératif que les développeurs de technologies méta-sexuelles et les décideurs politiques prennent des mesures pour garantir la sécurité et le bien-être des utilisateurs. Cela inclut l’introduction de mesures de sécurité robustes, la protection de la confidentialité des données, ainsi que la sensibilisation du public aux risques associés au méta-sexe.
Et vous ? Vous avez des exemples de situations ou de questionnements à ce sujet ?
N’hésitez pas à nous le partager.