La prévention des violences sexuelles sur les enfants, et plus particulièrement de l’inceste est un exercice délicat qui demande beaucoup de pédagogie et de subtilité. Comment aborder ces notions avec les tout petits sans les traumatiser ? Quels mots et quelles images choisir pour les sensibiliser ? Comment prévenir ?
Aujourd’hui, le constat est glaçant puisque d’après le dernier sondage Ipsos réalisé pour l’association “Face à l’inceste” en novembre 2020, un Français sur 10 confie avoir été victime d’inceste, soit environ 6,7 millions de personnes. Cela représente trois élèves dans une classe qui en compte 30 !
Depuis 2021, la CIIVISE (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants) a joué un rôle majeur dans la sensibilisation sur ce sujet tabou pour construire une politique publique de protection des enfants. Aujourd’hui, alors que la commission est reconduite, il est essentiel de discuter des outils concrets de prévention et d’éducation.
Il est prouvé qu’un enfant qui est informé et éduqué aux thématiques de la vie affective et sexuelle, a plus de chance de faire fuir ses agresseurs qu’un enfant non informé. Il est donc important d’avoir en tête de simples recommandations :
- Parler du respect du consentement : être en capacité de dire non quand une situation ne nous est pas confortable (comme un bisou sur la joue);
- Définir les zones intimes, que personne n’a le droit de toucher et qui n’appartiennent qu’à l’enfant;
- Expliquer dès le plus jeune âge comment se laver tout seul et guider son enfant dans cet apprentissage ;
- Identifier et nommer les zones intimes avec les vrais mots : un pénis, une verge, un anus, un clitoris, une vulve, un vagin…N’ayons pas peur des mots !
- Identifier des personnes ressources à qui l’enfant peut se confier en cas de doute, de questions;
- L’utilisation de supports adaptés à l’âge de l’enfant et ouvrir la discussion pendant ou après;
Comme souvent à Popaia, nous vous proposons différentes ressources pour aider à aborder cette thématique avec vos enfants Découvrez notre sélection…
Fais gaffe, c’est quoi l’inceste ?
En éducation affective et sexuelle, y a-t-il un thème plus difficile que d’expliquer l’inceste aux enfants ? Ce petit film de moins d’une minute, dessiné par ZEP pour l’exposition « Zizi sexuel » présentée à la Cité des sciences et de l’industrie, est un bon outil pour parler de l’inceste aux enfants, dès la maternelle. La vidéo est courte (moins d’une minute), simple et concrète.
Pour qui ? 0-6 ans, 6-11 ans, Collégiens
Mon oncle est un peu TROP collant
Cette vidéo permet d’aborder le sujet des agressions sexuelles, et même de l’inceste, avec pertinence et efficacité. Son format court (2 minutes) est facile à utiliser dans un contexte familial ou professionnel, les messages sont clairs sans être caricaturaux et le graphisme est coloré et efficace pour les enfants. La vidéo permet d’expliquer ce qui est permis et ce qui est défendu, ce qui est normal et ce qui ne l’est pas, et comment réagir quand on se sent mal à l’aise.
Pour qui ? 6-11 ans
Le consentement expliqué aux enfants
Cette vidéo de 3 minutes permet d’expliquer aux enfants le respect du corps. Elle utilise un langage simple pour parler du respect de soi, des autres et du consentement et favorise la prévention des abus sexuels. C’est un outil pédagogique d’éducation à la sexualité dès le CP car il permet de nouer un dialogue avec des enfants d’âge primaire, que ce soit à l’école ou à la maison.
Pour qui ? 6-12 ans
Ton corps est à toi, c’est toi le chef !
Cette vidéo pédagogique de 4 minutes est un projet de prévention contre les violences sexuelles où Miette et Balthazar expliquent aux enfants tout ce qu’ils doivent savoir sur le respect de leur intimité, de leur corps et à quel moment survient une agression sexuelle et un inceste. L’agresseur est symboliser par un loup, pour renforcer la notion de danger et d’interdit.
Pour qui ? 4-10 ans
Pas touche
L’association Enfance & Partage propose une vidéo de prévention pour lutter contre les violences sexuelles incestueuses. Réalisée à l’occasion de la journée mondiale de l’enfance, ce petit film d’animation de 3 minutes a pour but de sensibiliser les enfants au fait que leur corps leur appartient, qu’ils doivent refuser les contacts et situations qui les gênent et en parler à un adulte de confiance, même si cette démarche est difficile pour eux. Sans dialogue, la vidéo sert de support pour discuter sur fond d’images.
Pour qui ? 7-9 ans
Alice et Léo ont leur mot à dire
Cette vidéo animée de 4 minutes s’adresse aux enfants pour savoir ce que sont les violences sexuelles et pouvoir en parler. Dans cette mise en scène, Léo relate à sa famille ce qu’il a appris à l’école grâce à l’intervention d’une association. Il explique les différentes formes de maltraitance faites aux enfants et notamment les violences sexuelles. Il est capable d’identifier ce qui est une agression sexuelle et est sensibilisé aux dangers d’internet et des prédateurs pédophiles.
Pour qui ? 10-12 ans
À l’issue du visionnage des vidéos, on peut questionner son enfant, sur ce qu’il a compris des situations et voir si les réponses sont conformes et en adéquation avec le message envoyé :
- Qu’est-ce que c’est qu’une zone intime ?
- Est-ce qu’il faut garder un secret qui rend malheureux ? A qui peux-tu le confier ?
- Qui sont les adultes qui te protègent ?
- Est-ce que cette personne a fait quelque chose de mal ou de bien dans telle vidéo ?
L’objectif de ces questions est de transposer les situations des vidéos aux propres situations des enfants pour accrocher les thématiques vues dans leur propre réalité.
Protéger nos enfants contre les violences sexuelles nécessite une approche holistique, intégrant des outils concrets de prévention. Dans cet article, nous voulions valoriser les supports pédagogiques vidéos car ils sont souvent privilégiés par les parents ou les enseignants. Cependant, il ne faut pas négliger l’efficacité d’autres types de ressources : les livres éducatifs, les jeux, les pièces de théâtres, les ateliers de discussion… Autant d’outils qui permettent à chacun de comprendre l’importance du respect, du consentement et de la sécurité personnelle. En combinant les efforts des éducateurs, des parents et des enfants eux-mêmes, nous pouvons créer un environnement plus sûr et plus respectueux pour les générations futures.